Vampirologie

Bonjour, je vais enfin commencer à vous parler du travail des différents écrivains dont j'ai fait la connaissance aux festival des Imaginales, nous passerons donc à nouveau en revue quelques thèmes fantastiques et historiques, aujourd'hui il sera question de vampire et nous aborderons le mythe en commençant par une présentation du roman de Morgane Caussarieu, Dans les veines, paru en 2012.
Bordeaux, de nos jours, la paisible cité est ensanglantée par un vague de meurtres aussi violents qu'inexpliqués, les coupables n'étant autres qu'un groupe de vampires, séduisants et dangereux, venus établir leurs quartiers dans le pays et ayant fait du monde de la nuit, en particulier de la scène du rock'n'roll, leur terrain de chasse favori. Le caractère volatil et mystérieux des assassins rendant très ardue l'enquête, l'investigation piétine, au grand désappointement du lieutenant Baron et de sa coéquipière Brune, chargés de l'affaire. Les choses se compliquent un peu plus lorsque Lily, la propre fille de Baron, minée par de lourds secrets de famille, s'éprend par hasard de l'un des vampires, Damian, en qui elle voit autant un prince charmant potentiel qu'un possible remède à son mal-être. A moins que lui et ses semblables ne soit pour elle l'occasion de se plonger d'avantage dans la nuit... Voilà un roman foisonnant et plutôt difficile à résumer dont l'esthétique un peu patchwork tient du polar et du fantastique, avec des passages dignes de films gores. L'auteure construit son récit comme une enquête à travers laquelle se dévoilent depuis divers points de vue,  principalement celui de Lily qui devient proche de l'un d'eux, des tranches de la vie - ou plutôt de la non-vie ! - des vampires. Alors que les vampires se sont un peu assagis, affadis pourrai-t-on dire, dans la littérature fantastique de ces dernières années, on revient ici à des personnages plus proches de la figure originelle du vampire, un être cruel et immoral, ne séduisant ses proies que pour mieux les saigner. Modernité oblige, ces vampires se conduisent comme des adolescents punks attardés. Cela les rend d'autant plus proches des humains que ces derniers se révèlent être à leur tour capables des pires cruautés. La perversion de ces êtres de l'ombre ne serait-elle que le reflet de celle des humains ?
Le mythe du vampire a été très prolifique ces dernières décennies, et a bien changé depuis l'époque de la parution du Dracula de Bram Stoker en 1897, roman qui popularisa le personnage. Le vampire, entre la fin du dix-neuvième siècle et la première moitié du vingtième siècle, est un être monstrueux, solitaire et blême, dormant le jour dans un cercueil, ne pouvant se déplacer sans un peu de sa terre natale avec lui, se nourrissant de sang humain, allergique à l'ail, aux crucifix et ne pouvant être tué que le cœur percé par un pieu. On trouve néanmoins déjà l'expression d'une certaine sensualité morbide envers ses victimes, souvent de séduisantes jeunes femmes dont certaines seront choisies pour être transformées à leur tour en vampire, gagnant l'immortalité au prix du sang. Un exemple typique de l'esthétique de l'époque est le mort-vivant du film de Murnau, Nosferatu, sorti en 1922.
Les vampires actuels se sont embellis, avec les années les vieux êtres chauves et raides comme des piquets sont devenus de charmants jeunes hommes et femmes, de véritables sex-symbols ! A la fin des années soixante-dix, les romans de la romancière Anne Rice contribuent à populariser cette figure du vampire romantique, actuellement on peut dire que cette figure évolue dans deux directions. Le vampire comme marginal, rendu paria par sa dépendance au sang et son éternelle longévité, il est obligé de vivre à l'écart des humains, bien que certains désirent parfois s'intégrer. C'est le cas par exemple de la série américaine True blood, débutée en 2008, mettant en scène une communauté de vampires dans une petite ville de Louisiane et sa difficile cohabitation avec les humains. Certaines interprétations font de ces vampires une métaphore des junkies ou de la communauté gay, encore en butte à l'intolérance. L'autre version est le vampire que l'on peut plutôt qualifié d'embourgeoisé, l'exemple type sont les vampires de Twilight, la quadrilogie de l'auteure mormone Stephenie Meyer dont le premier tome est paru en 2005, qui n'ont plus rien de transgressif ou de terrifiant. Ils sont propres sur eux, ne font pas sexe avant le mariage, se nourrissent de sang d'animaux et brillent au soleil allez savoir pourquoi ! Enfin, on trouve aussi des oeuvres qui remettent en scène des vampires de la bonne vieille époque victorienne, comme la très bonne bande-dessinée D, Ayroles au scénario et Maïorana au dessin, débutée en 2009 dont le troisième et dernier tome sort ce mois-ci, qui conte les aventures de l'explorateur Richard Drake, reconverti en chasseur de vampires suite à l'apparition de mystérieux individus au cœur de la bonne société londonienne, un récit classique et bien mené à découvrir.
Voilà, il y a mille aspects du mythe que l'on ne peut énumérer en un seul article, signalons seulement que les vampires se transformant en chauve-souris ne sont plus trop utilisés de nos jours, ce qui en fin de compte rend justice à ces petites bêtes en général mignonnes et inoffensives. Sur les nombreuses espèces de chauves-souris, seules quelques-unes se nourrissent de sang, et encore ne saignent-elles pas à mort leurs proies, la plupart consommant exclusivement des insectes et des fruits. Ci-dessous une pipistrelle.
Je vous donne en lien le site de Morgane Caussarieu qui regorge d'informations et de textes intéressants sur les vampires et la littérature fantastique.
https://morganecaussarieu.wordpress.com/tag/morgane-caussarieu/
Et pour terminer, une petite vidéo parodique, à bientôt !

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